Nicolas Pierlot : "Me dit le saule". Poésies-photos / Décembre. (1) |
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5/12/95
18:29
On ne se méfie jamais assez de la ténacité de certains sentiments. La mienne est perdue depuis plusieurs mois, et ne manque pourtant pas une occasion de s'introduire dans mes nuits fragiles. D'ailleurs fut-elle jamais mienne ? Le sentiment rare et fugace qu'elle fît partie totalement de moi restera le plus absolu que j'aurai pu éprouver. N'était-ce pas seulement un malentendu ? D'échecs en désillusions, d'espoirs en chocs, il est des jours où j'aimerais bien avoir seulement le courage de signer mon départ, comme pour transformer en drame définitif cette comédie lamentable. Bien sûr, à l'aube de l'ère nouvelle, dans le bénéfice du trouble, dans le bouillon des sentiments sans parfum connaissable, je me pris à croire. Pas en moi, tout de même pas, mais à la possibilité d'y parvenir un jour, et peut être un jour prochain ? Alors je découvris l'intérêt du sourire, même s'il fallait le forcer pour qu'il pût devenir naturel. Également, l'importance de paraître bien, bienheureux et bien portant. Autant de découvertes accroissant l'horreur de vivre sans en avoir l'air, ni le sentiment : être un animal chez les siens. Avec ce rejet de tout ce qui diffère, et la considération à ceux qui n'ont que l'air. Comment ai-je fait pour ignorer ces règles élémentaires du comportement ? Sûr qu'en les ayant acquises et appliquées, bien des choses eussent été différentes, de sa motivation jusqu'à mon aptitude à la vie. Ainsi faut-il toujours marcher à reculons, payer de ce qu'on a perdu, et subir la pluie quand on se noie. |