Paris,
jeudi 23 juillet 1998
Ici plus que nulle part ailleurs peut-être, mord la souffrance
des possibles inassouvis. Sans doute est-ce à cause de la concentration
humaine, de la solitude aussi que l'on semble partager tous au point
que l'on ne songe presque plus à s'en cacher. Et qu'il semble
évident que tout échange soit espéré. Derrière
chacune des fenêtres de ces murs se cache une vie, aux dimensions
des logements parisiens. Rarement quelqu'un s'y penche, des fois qu'être
aperçu soit déjà ouvrir sa porte. Comme moi des
nouveaux, sans doute. De même que la source cachée est
toujours la plus pure, la vie secrète la plus fascinante, ces
indices entrevus par un rideau distrait. Une affiche périmée,
un piano allumé, une plante en survie, un chat filant. C'est
dans le désert que l'on rencontre Dieu. Dans mon désert,
l'objet le plus anodin alimente mon imagination avide. Qui oublie que
Sa face emplit tout, qu'elle est à contempler dans chaque instant
ne verra jamais la lumière. Ni ici bas, ni au dessus.
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